TF1 BAT DES RECORDS EN 2013

Le groupe TF1 a publié son bilan annuel le 30 décembre 2013, lequel montre une fois de plus que la chaîne privée est de loin la préférée des Français.

En effet, le communiqué du groupe révèle ses chiffres clés de l’année 2013, à savoir 99 des 100 meilleures audiences à la télévision, 1,4 milliard de vidéos vues sur le site internet de la chaîne MyTF1, une moyenne de 1h25 par personne passée à regarder une vidéo du groupe chaque mois, un total de 20 millions de fans sur les différents réseaux sociaux du groupe et 42% de parts de voix sur Twitter avec 35 millions de messages postés en rapport avec le groupe. Le groupe TF1 s’est empressé de produire un spot spécial pour cet « événement », diffusé pour la première fois ce dimanche 5 janvier et énumérant les programmes ayant réalisé les meilleurs scores cette année. Les chiffres étaient provisoires jusqu’à maintenant, mais Médiamétrie a publié aujourd’hui les résultats officiels qui ne démentent bien sûr pas les premiers.

Les séries américaines à l’honneur

Ce qui ressort de l’analyse de Médiamétrie sur les meilleures audiences de l’année, c’est que les Français suivent particulièrement les séries étrangères. En effet, parmi ces cent meilleures performances, pas moins de 57 sont des séries américaines, notamment la série Mentalist en tête (avec 20 des meilleures audiences à elle seule), puis Unforgettable, Esprits Criminels, Dr House, Person of Interest, Les Experts Manhattan et enfin Crossing Lines. La chaîne du groupe Bouygues a bien compris cela et mise beaucoup sur ces séries étrangères, avec 61 séries différentes proposées sur son catalogue de programme.

A cela s’ajoutent les séries françaises qui réussissent également à se frayer un chemin dans cette liste, mais dans une moindre mesure avec seulement quelques épisodes particulièrement suivis de Pep’s (« Parents, Elèves, Profs»), Profilage, Nos chers voisins et Jo.

Depuis quelques années déjà, la chaîne historique se prévaut d’un large choix de séries internationales et nationales pour attirer les parts d’audiences. De plus, la nouvelle chaîne HD1 du groupe peut aujourd’hui bénéficier des contrats de diffusion de séries déjà transmises auparavant sur TF1. C’est le cas par exemple pour les séries américaines Gossip Girl et Dr House retransmises actuellement sur la nouvelle chaîne de la TNT.

Le rôle des réseaux sociaux et du second écran

On note dans le bilan que présente le groupe de Bouygues que son Twitter est aussi fortement plébiscité par les internautes puisque le compte a généré pas moins de 35 millions de tweets sur l’année, représentant 42% de parts de voix. Mais le compte Facebook de la chaîne rassemble également près de 12 millions de fans.

Le groupe de TF1 a récemment créé une application pour tablettes et smartphones (MyTF1) qui permet de générer du contenu Facebook et Twitter et « organise une conversation sociale autour [des] programmes » de la chaîne. L’objectif ici est bien de fidéliser au maximum les téléspectateurs en leur proposant une offre différenciée et une participation active à la vie du groupe de chaînes télévisées.

Ainsi, The Voice est l’émission qui a généré le plus de tweets cette année avec près de 4 500 tweets sur la saison 2013 (de septembre 2012 à juin 2013), soit plus de 8% des parts de voix sur le réseau social parmi les marques de programmes télévisuels.

TF1 a donc ici encore su miser sur le bon cheval en développant des applications web efficaces et participatives qui permettent de fidéliser le public et d’attirer de nouveaux spectateurs. On constate en effet que 40% des tweets postés en début de soirée sont relatifs aux différentes émissions de télévision. Bien sûr, comme le précise Oliver Abecassis, le responsable de la chaîne, ce sont « le live et l’événementiel comme l’info, le divertissement et le sport » qui sont les programmes les plus adaptés à ce genre de pratiques. Toujours pour citer The Voice, l’émission qui n’avait généré que 1 million de tweets sur la saison précédente, montre bien, avec ses 4 500 tweets sur la saison 2013, l’expansion considérable qui a été réalisée simplement grâce aux applications des réseaux sociaux et au système de partage de contenu qu’elles proposent.

HD1 leader des six « nouvelles chaînes » de la TNT

Mais le groupe TF1 a également su prendre le virage de l’ouverture des nouvelles chaînes de la TNT avec sa chaîne HD1 sur laquelle elle peut compter pour booster les audiences. En effet, selon les études réalisées, la petite soeur de TF1 est celle des 6 nouvelles chaînes qui a la meilleure audience globale. Cela est dû en partie à la réutilisation des séries phares de TF1 en rediffusion sur HD1 et touchant un nouveau public qui ne les aurait pas regardées lors de la première diffusion.

La chaîne HD1 a également annoncé en octobre 2013 s’être dotée du service de Médiamat, actif depuis le 1er janvier 2014, qui lui permet d’avoir chaque matin dès 9h les audiences des programmes diffusés la veille. L’avantage est de savoir rapidement qui regarde quoi et de pouvoir adapter à la fois le programme en lui-même mais également les publicités qui l’entourent. Cet avantage était jusque là réservé aux chaînes historiques, alors que les nouvelles chaînes de la TNT n’obtiennent ces informations que beaucoup plus tard dans la journée, ce qui leur confère une moindre réactivité.

TF1 gagne le gros lot à partir de la rentrée 2014

Depuis le 1er janvier de cette nouvelle année, c’est le groupe TF1 qui diffuse les tirages des jeux de la Française des Jeux. Ainsi les tirages du Loto et de l’EuroMillion, présentés par Jean-Pierre Foucault, Sandrine Quétier, Vincent Cerruti et Estelle Denis (ex-présentatrice du groupe M6), seront désormais diffusés sur la chaîne privée. TF1 a donc choisi de mettre des « têtes d’affiche » avec des présentateurs connus pour leurs grosses audiences (« Qui veut gagner des millions » pour Foucault, « Danse avec les stars » pour le duo Cerruti-Quétier) tout en amenant une nouvelle présentatrice de la chaîne à se faire connaître via un nouveau programme associé à la chaîne (afin que son image se détache de celle de M6).

En effet la Française des Jeux qui diffusait ses tirages depuis dix ans sur les chaînes publiques de la télévision française a préféré revenir sur la chaîne privée pour deux raisons essentielles. Tout d’abord les chaînes publiques ont vu leur audience diminuer progressivement, contrairement à TF1. La Française des Jeux souhaiterait, par le biais d’une diffusion sur la chaîne , toucher un public plus jeune (entre 25 et 49 ans) et plus nombreux. La renommée du programme associée à la visibilité qu’offre TF1 ne peut qu’être bénéfique pour la Française des Jeux. La deuxième raison qui a poussé cette dernière à revenir sur une chaîne privée est la possibilité de faire de la publicité pour ses jeux après 20h, ce qui n’est plus possible sur les chaînes publiques depuis la loi audiovisuelle de 2009.

Une nouvelle qui fait grincer des dents

La récupération des deux tirages par TF1 ne ravit pas tout le monde car cela ferait perdre près de six millions d’euros aux chaînes publiques. Constat alarmant quand on sait que France Télévisions est actuellement en train de réduire les effectifs par un plan de départs volontaires pour 361 postes et un allègement de l’emploi non permanent. En effet, le groupe est en déficit non pas de 150 millions d’euros comme cela avait été anticipé (ce qui englobait les 20 millions de retard en entrées publicitaires par rapport à ce qui pouvait être espéré), mais de 180 millions d’euros, car il a fallu ajouter le gel de 30 millions d’euros de dotation budgétaire publique. De plus, l’impossibilité pour France Télévisions de faire de la publicité après 20h limite fortement ses capacités de progression de recettes.

Sources

ANONYME, « 2013: une audience annuelle en progression, consacrant la stratégie d’innovation de TF1 dans les programmes et le digital », Groupe TF1, http://www.groupe-tf1.fr, publié le 30/12/2013, consulté le 02/01/2014, consultable sur <http://www.groupe-tf1.fr/presse/communiques/groupe/2013/communique-bilan-2013-8338887-843.html>

BAUDRY (C.), « TF1 va encore toucher le gros lot », L’humanité, http://www.humanite.fr, publié le 13/12/2013, consulté le 29/12/2013, consultable sur <http://www.humanite.fr/medias/tf1-va-encore-toucher-le-gros-lot-555214>

CASSINI (S.), « TF1 ravit le Loto à France Télévisions », Les Echos, http://www.lesechos.fr, publié le 30/12/2013, consulté le 02/01/2014, consultable sur <http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/medias/actu/0203214875764-tf1-ravit-le-loto-a-france-televisions-639954.php?xtor=AL-4003-[Choix_de_la_redaction]-[tf1_ravit_le_loto_a_france_televisions]&google_editors_picks=true>

SCHMITT (F.), « TF1 s’adjuge 99 des 100 meilleures audiences de l’année 2013 », Les Echos, http://www.lesechos.fr, publié le 30/12/2013, consulté le 02/01/2014, consultable sur <http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/tech-medias/actu/0203212330341-tf1-s-adjuge-99-des-100-meilleures-audiences-de-l-annee-2013-639872.php>

ZERO ACCESS AFFAIBLI PAR L’ATTAQUE CONJOINTE DE MICROSOFT, DU FBI ET DE EUROPOL

Le jeudi 5 décembre, Microsoft a annoncé dans un communiqué qu’il avait réussi, avec l’aide du FBI et d’EUROPOL, à démanteler le botnet ZeroAccess (également connu sous le nom de Sirefef), réputé pour avoir infecté près de deux millions d’ordinateurs.

Un mal persistant dans le monde informatique

Un botnet un réseau d’ordinateurs infectés (les « bots ») par un logiciel malveillant (« malware » en anglais) capable de scanner des blocs d’adresses web dans le but de repérer les machines vulnérables et de les infecter par une sorte de virus. Une fois contaminé, chaque ordinateur devient alors l’esclave du cybercriminel à l’origine du botnet (on parle alors d’ordinateurs « zombies »). Ces « malwares » ont en effet la particularité de pouvoir exécuter des tâches programmées à distance par le cybercriminel. Par extension, on emploie le mot « botnet » pour désigner à la fois le réseau d’ordinateurs infectés et le malware lui-même.

Un botnet est souvent à l’origine d’actions malveillantes comme la récupération de données d’un hôpital, d’une université ou de toute infrastructure en attaquant sa base informatique. Les objectifs recherchés par les créateurs des botnets sont souvent de collecter des données, de générer du flux fictif sur des sites ou encore de rediriger les internautes sur de mauvais résultats de recherche afin de générer des recettes publicitaires. Les botnets sont également réputés pour leur spamming, les usurpations d’identité qu’ils permettent, les vols de données personnelles ou encore simplement la propagation de virus qu’ils engendrent. Dans le cas de vol d’identité, ou de récupération de données personnelles, les cybercriminels ont ensuite la possibilité soit d’utiliser ces informations pour leur compte, soit de les revendre ensuite sur des forums afin d’en tirer un avantage financier. Les cybercriminels programment également fréquemment les botnets dans le but de prendre la main sur le navigateur utilisé par l’ordinateur infecté afin que les moteurs de recherche ne fonctionnent plus normalement. Ainsi, lorsque l’internaute fait une recherche, par exemple sur Google ou Bing, les résultats affichés ne sont pas les vrais résultats mais ceux programmés par le cybercriminel, proposant de faux sites afin d’augmenter leur flux de visiteurs.

C’est cette dernière pratique entre autre qui est utilisée par le botnet ZeroAccess, jumelée avec une autre qui consiste en générer de faux clics sur des liens ou en rediriger les clics qui peuvent être faits sur d’éventuelles publicités internet. De ce fait, les bannières publicitaires, qui coûtent très cher aux annonceurs, n’atteignent pas leur objectif car l’internaute n’est pas redirigé vers le site du produit ou du service vanté. Pourtant, les annonceurs continuent de payer pour l’espace publicitaire qu’ils louent sur internet. Ainsi, les publicitaires estiment avoir perdu près de 2,7 millions de dollars par mois à cause de ZeroAccess qui était spécialisé dans cette pratique, appelée « la fraude au clic », ou encore « clickjacking ». ZeroAccess est également accusé d’avoir fait de l’extraction de Bitcoins, monnaie virtuelle très en vogue actuellement, et notamment chez les cybercriminels.

Les botnets posent deux difficultés majeures. Tout d’abord il est très facile d’en « attraper » un sur le web. En effet, si votre ordinateur n’est pas parfaitement protégé, il suffit d’un seul clic malheureux sur un lien frauduleux et le virus entre dans le système d’exploitation de la machine. Le virus de ZeroAccess présente également la particularité de désactiver en grande partie  la sécurité mise en place sur l’ordinateur (antivirus, antispam…) sans que l’on s’en rende compte. C’est là que réside la deuxième difficulté de ce virus: il est compliqué de le déloger de la machine.

Il est très difficile d’éliminer un botnet pour la simple et bonne raison qu’il est généralement mal aisé de détecter qu’un ordinateur a été infecté. De plus, la plupart des botnets, et c’est le cas pour ZeroAccess, fonctionnent sur la technologie Peer-to-Peer qui permet une propagation du virus d’ordinateur à ordinateur.

De nombreux botnets existent sur Internet  et Microsoft s’est donné comme objectif d’en éliminer le plus possible afin de paraître plus sûr auprès de son public.

Une action menée conjointement par le secteur public et le secteur privé

Microsoft, qui souffre depuis quelques années déjà d’une mauvaise réputation en terme de sécurité sur ses systèmes d’exploitation, a décidé de mener un combat sans merci  aux différents botnets circulant sur Internet. Déjà durant l’été 2013, l’entreprise avait réussi à bloquer le botnet Citadel (un malware capable de récupérer toutes les données tapées sur le clavier de l’utilisateur de l’ordinateur infecté), et en 2011 elle avait participé au démantèlement du botnet Rustock (un malware éditeur de spam).

Mais pour bloquer de tels réseaux d’ordinateurs infectés, Microsoft, qui ne s’est chargé que de la partie technique du travail, a eu besoin de l’aide du FBI dans un premier temps, puis, au vu de la localisation présumée des cybercriminels liés à ZeroAccess, elle a eu recours au récent Centre Européen de lutte contre la cybercriminalité d’Europol, créé en janvier 2013. L’entreprise de Redmond a également sollicité des entreprises privées, leaders dans l’industrie des technologies, et notamment A10 Networks, spécialisée dans l’optimisation des « applications d’entreprises à partir des infrastructures réseaux ».

Pour mener à bien son action contre ZeroAccess, Microsoft a commencé par déposer une plainte le 25 novembre auprès de la Cour fédérale du district ouest au Texas pour réclamer le droit de bloquer les trafics des machines infectées sur le territoire des Etats-Unis. Cette plainte incriminait huit personnes, et était rédigée à la fois en anglais et en russe, ce qui laisse présumer de la nationalité de certains cybercriminels inquiétés. Le tribunal a donc autorisé Microsoft à bloquer 18 adresses IP de serveurs qui contrôlaient le botnet. Microsoft a ensuite bloqué une cinquantaine de noms de domaine liés au botnet (donc de fausses adresses de sites servant à infecter les ordinateurs ou à générer de faux clics).

Mais comme tout ce qui se rapporte à Internet, une frappe au niveau international est nécessaire. C’est pourquoi Microsoft a demandé de l’aide à Europol pour agir au niveau des pays de l’Union Européenne. C’est donc avec l’aide des autorités de plusieurs Etats européens que le centre européen de lutte contre la cybercriminalité d’Europol (ou « European Cybercrime Center », dit EC3) a mené des perquisitions notamment en Suisse, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Lettonie, afin de récupérer les machines associées aux IP frauduleuses détectées par Microsoft et qui contrôlaient ZeroAccess.

Un centre d’excellence créé pour redorer le blason de Microsoft

En 2010 Microsoft préconisait une action collective pour combattre les botnet, et « l’application des modèles de la santé publique à Internet », à savoir l’établissement de « certificats de santé » pour les ordinateurs et la mise en quarantaine des machines infectées. Cela posait bien évidemment un problème juridique, tout comme l’avait fait en 2009 la loi HADOPI, car cela sous entendait de priver d’Internet des utilisateurs, sous le prétexte d’éviter qu’ils n’infectent d’autres machines. Or cela portait atteinte au droit d’accès à Internet, érigée comme une liberté fondamentale par le Conseil Constitutionnel (Décision n°2009-580 DC, 10 juin 2009). Pourtant, une étude menée par Microsoft montre que « la moitié des internautes adultes a été un jour la victime de cybercriminels » et que les attaques « coûteraient 113 milliards de dollars par an aux consommateurs ».

Microsoft a donc créé récemment son propre centre spécialisé dans la lutte contre les cybermenaces: le Microsoft Cybercrime Center. Cet établissement est basé sur le campus de la firme à Redmond aux Etats-Unis. Une centaine d’avocats, de chercheurs, d’experts informatiques et de statisticiens ont été engagés dans ce centre pour mener à bien la mission de Microsoft. Mais l’établissement est également ouvert aux chercheurs extérieurs et aux « anciens hackers » qui peuvent ainsi participer à la surveillance et à la détection des menaces liées à l’informatique et à Internet. Microsoft a par ailleurs développé de nouveaux outils, et notamment la plateforme Cyberforensics qui établit une vision mondiale de la cybercriminalité. Des outils plus pratiques ont été mis en place également, comme par exemple PhotoDNA (logiciel qui traque les photos pédopornographiques sur le net). Enfin, le Microsoft Cybercrime Center dispose d’un laboratoire ultra-sécurisé utilisable en temps de « crise » par les chercheurs et experts extérieurs en cas de « menace précise » sur Internet.

En ce qui concerne le botnet ZeroAccess, Microsoft a souhaité insister sur la communication directe avec les utilisateurs en publiant sur son site des préconisations de sécurité à mettre en place sur les ordinateur équipés du système d’exploitation de Windows. Entre autres, Microsoft insiste donc sur l’importance des mises à jour de sécurité proposées à la fois par Windows et par les antivirus installés, mais la firme rappelle également l’attention à porter à la «source des téléchargements de logiciels ». Bien sûr, la firme en a profité pour vanter la sécurité renforcée de son dernier système d’exploitation Windows 8.

La difficile éradication des malwares grâce à la technologie du Peer-to-Peer

Pour le moment cependant, le botnet ZeroAccess n’a pas été totalement supprimé. En effet, les «créateurs» de ce réseau ont pris soin de baser son fonctionnement sur la technique du Peer-to-Peer (P2P), c’est-à-dire que chaque ordinateur infecté devient une source de propagation du malware. Cela permet aux cybercriminels de contrôler ensuite le malware à partir de n’importe quel poste infecté, et de changer très facilement de poste lorsque le premier est « nettoyé ». De plus, comme nous l’avons mentionné plus haut, il est très difficile de détecter dans un premier temps le malware, mais ZeroAccess empêche également toute « tentative manuelle pour le déloger » selon le communiqué de Microsoft, ce qui complexifie sa suppression.

Ainsi, le fait d’avoir bloqué les adresses IP des cybercriminels présumés et d’avoir supprimé des noms de domaine liés au botnet n’a pas pour autant empêché que sa propagation virale continue.  De plus, les cybercriminels n’ont toujours pas été appréhendés. Mais Microsoft est tout de même satisfait d’avoir au moins brisé le « business model » de ZeroAccess et de l’avoir considérablement affaibli, obligeant les cybercriminels à revoir leur stratégie technique pour ce botnet.

Sources

ANONYME, « Botnets 101 What they are and how to avoid them », Site web du FBI, www. fbi.gov, publié le 06/05/2013, consulté le 14/12/2013, consultable sur <http://www.fbi.gov/news/news_blog/botnets-101>

ANONYME, « Cybercrime: Europol et Microsoft font plier l’énorme botnet ZeroAccess », L’Expansion, http://www.lexpansion.lexpress.fr, publié le 06/12/2013, consulté le 15/12/2013, consultable sur <http://lexpansion.lexpress.fr/high-tech/cybercrime-europol-et-miscrosoft-font-plier-l-enorme-botnet-zeroaccess_419357.html>

ARENE (V.), « Microsoft, Europol et le FBI stoppent le botnet ZerAccess », Le Monde Informatique, http://www.lemondeinformatique.fr, publié le 06/12/2013, consulté le 15/12/2013, consultable sur <http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-microsoft-europol-et-le-fbi-stoppent-le-botnet-zeroaccess-55911.html>

AUFRAY (C.), « ZeroAccess: Microsoft participe à la lutte contre un botnet », Zdnet, http://www.zdnet.fr, publié le 06/12/2013, consulté le 15/12/2013, consultable sur <http://www.zdnet.fr/actualites/zeroaccess-microsoft-participe-a-la-lutte-contre-un-botnet-39796144.html>

BIGET (S.), « Microsoft dévoile sa base tactique contre le cybercrime », Futura Sciences, http://www.futura-sciences.com, publié le 21/11/2013, consulté le 15/12/2013, consultable sur <http://www.futura-sciences.com/magazines/high-tech/infos/actu/d/informatique-microsoft-devoile-base-tactique-cybercrime-50352#xtor=RSS-8>

FEUGEY (D.), « Microsoft, Europol et le FBI stoppent le botnet ZeroAccess », Silicon, http://www.silicon.fr, publié le 06/12/2013, consulté le 11/12/2013, consultable sur <http://www.silicon.fr/microsoft-europol-et-le-fbi-stoppent-le-botnet-zeroaccess-91303.html>

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HACHMAN (M.), « Microsoft, Europol claim victory in taking down ZeroAccess botnet », PcWorld, http://www.pcworld.com, publié le 05/12/2013, consulté le 14/12/2013, consultable sur <http://www.pcworld.com/article/2069880/microsoft-europol-claim-victory-in-taking-down-zeroaccess-botnet.html>

LE BOURLOUT (E.), «Microsoft, le FBI et Europol démantèlent un énorme Botnet », 01net, http://www.01net.com, publié le 06/12/2013, consulté le 15/12/2013, consultable sur <http://www.01net.com/editorial/609834/microsoft-le-fbi-et-europol-démantelent-un-enorme-botnet/#xtor=RSS-16>

LA RÉOUVERTURE DE SILK ROAD: PREUVE DE L’IMPUISSANCE DES AUTORITÉS FACE AU MARCHÉ EN LIGNE DE LA DROGUE

Le 6 novembre 2013, le site de vente de produits illégaux Silk Road (« route de la soie ») est à nouveau en ligne, un mois seulement après sa fermeture par le FBI le 2 octobre 2013.

Ce site, ouvert en 2011, est connu pour être « l’Amazon.com de la drogue » ou encore «l’eBay de la drogue », car, outre les faux papiers et les contrefaçons d’objets de marque proposés à la vente, on y trouve surtout à la vente différentes drogues. Il s’agit en effet d’un site internet destiné à mettre en contact des vendeurs et des acheteurs dans le but d’opérer des transactions de produits illégaux, « entre adultes consentants », à la seule condition que la marchandise en question ne soit pas destinée à « blesser ou escroquer » autrui (selon les conditions d’utilisation du site). C’est pourquoi ces conditions générales interdisent par exemple la vente de données personnelles bancaires, ou encore « les services de tueurs à gage et contenus pédopornographiques ».

Pourtant, le site offre la possibilité aux utilisateurs d’avoir à leur disposition des notices explicatives sur les moyens de pirater un distributeur automatique, ou encore des logiciels permettant de déverrouiller des ordinateurs ou récupérer des mots de passe. On voit mal comment ce genre de pratiques peut ne pas nuire à autrui. De même, le contrôle sur la vente des armes est assez faible, puisqu’il est possible d’en trouver sur le site bien que les conditions d’utilisation le proscrive également. Ces dernières sont donc plutôt indicatives et ne semblent servir qu’à prouver une prétendue bonne foi de la part des gérants du site litigieux.

Une double sécurité mise en œuvre pour protéger le site et ses utilisateurs

Silk Road, appartenant au «marché noir» d’Internet, appelé le « web profond » (« deep web » ou encore « dark net » en anglais) bénéficie d’une sécurité technique du fait qu’il est impossible de le trouver via les moteurs de recherche classiques. En effet, seuls les internautes appartenant au réseau anonyme TOR (« The Onion Router ») peuvent trouver le site, en passant par des bases de données spécifiques capables de trouver son chemin d’accès. Ce réseau TOR brouille en fait les connexions et seul un navigateur configuré pourra avoir accès à ces bases de données. Le principe est qu’au lieu d’utiliser un seul serveur pour accéder au site en question, l’ordinateur va être programmé pour se déplacer de serveur en serveur avant d’atteindre le site illicite, rendant quasiment intraçable l’adresse de l’internaute. Enfin, une fois qu’on a réussi, par des manipulations informatiques, à entrer sur le réseau TOR, l’adresse du site n’est elle-même pas évidente à trouver car il s’agit de < ianxz6zefk72ulzz.onion >. Ainsi, connaître le nom du site par la rumeur ne suffit pas à pouvoir y accéder et il est donc pratiquement impossible de trouver ce site internet sans y avoir été invité par quelqu’un qui aura précisément expliqué comment y accéder.

La deuxième protection utilisée par le site Silk Road est l’utilisation d’une monnaie virtuelle appelée Bitcoin, créée en 2009 par des passionnés d’informatique. Le Bitcoin a la particularité de permettre des échanges anonymes entre les internautes. C’est pourquoi le secteur des transactions illégales et du blanchiment d’argent s’est intéressé à cette monnaie qui garde cryptée l’identité des acteurs.

Cette monnaie virtuelle a d’autres avantages que l’anonymat dont elle fait profiter ses utilisateurs. En effet, elle permet également des virements entre portefeuilles numériques à un taux extrêmement faible (0,99%) par rapport à celui que proposent les banques (entre 1,5% et 7% en fonction des Etats), et les opérations de virement en Bitcoin sont bien plus rapides que celles des banques. En effet, une transaction de Bitcoin entre deux portefeuilles numériques se fait de façon immédiate alors qu’il faut entre deux et cinq jours pour une opération de virement bancaire. En outre, l’argent est immédiatement récupérable en échangeant des Bitcoins contre une devise bancaire. Cette monnaie qui n’appartient à aucune catégorie juridique pour le moment échappe donc aux règles classiques du marché bancaire et n’est contrôlée par aucune banque centrale.

Il semblerait par ailleurs que les utilisateurs dans certains pays aient plus confiance en cette monnaie qu’en leur propres banques dont ils se méfient depuis la crise des subprimes. Ainsi, dès qu’un petit doute sur le système bancaire s’installe, les gens ont tendance à acheter des Bitcoins qui sont plus «rassurants», faisant de cette monnaie une devise extrêmement volatile. C’est notamment ce qui s’est passé à Chypre au cœur de la crise, lorsqu’une limitation de sortie des capitaux avait été mise en place. Les Chypriotes avaient alors utilisé le Bitcoin pour contourner cette limitation.

Si certains économistes pensent qu’une telle monnaie est vouée à s’autodétruire, d’autres misent de grands espoirs en elle, et notamment les fondateurs d’Ebay ou de Google qui commencent à l’intégrer dans leurs services. Le Bitcoin est d’ailleurs entrain de se normaliser dans de plus en plus de pays. L’Allemagne l’a par exemple reconnu en août 2013 comme une « monnaie privée ».

Le Bitcoin fonctionne de façon complexe et est créé par des algorithmes générés par les ordinateurs des utilisateurs de la monnaie. C’est donc une monnaie « mathématique et totalement décentralisée ». Il existe deux façons de se procurer des Bitcoins: soit sur des plateformes en ligne qui permettent d’acheter des Bitcoins avant de les stocker sur un portefeuille numérique, soit lors de ventes publiques organisées dans les grandes villes (par exemple à New-York dans le quartier d’Union Square). Des distributeurs automatiques de Bitcoins commencent également à être installés par des grandes entreprises spécialisées dans le monde entier, distributeurs qui permettront de stocker des Bitcoins sur un smartphone ou sur une carte prépayée.

Un contournement de la loi permis par l’informatique

Le site Silk Road, accessible depuis le monde entier, est contraire à la loi de la plupart des pays qui prohibent le commerce de la drogue, et souvent la vente d’armes également. En France par exemple, « l’usage, le trafic, la production, des stupéfiants, dont le cannabis) sont réprimés par la loi N° 70-1320 du 31 décembre 1970, plusieurs fois modifiée », la dernière modification datant de l’entrée en vigueur du nouveau code pénal de 1994.

Pourtant on constate que, grâce à des génies de l’informatique, les ventes de ces produits illicites sont possibles et de façon très simplifiée pour les acheteurs. Le problème de la transaction dans la rue ne se pose plus, et de surcroît, un système de forums et d’avis sur les vendeurs permet également d’éviter le risque que la marchandise ne soit pas de bonne qualité. Les acheteurs choisissent tranquillement leurs produits sur un site communautaire convivial, et payent en toute sécurité avant de recevoir de la drogue ou des armes simplement par voie postale.

Les autorités se voient démunies devant cette pratique car, bien qu’elles aient réussi à arrêter le créateur du site, Ross William Ulricht, ce dernier avait remis les codes sources de Silk Road à un autre informaticien qui a repris le flambeau seulement un mois après, avec une sécurité renforcée. Il semblerait donc que le site soit encore moins facilement accessible aujourd’hui qu’il ne l’était initialement.

Ulricht a été accusé par le parquet de New York non seulement de massif blanchiment d’argent, de trafic de drogue et de piratage informatique, mais également de tentative de meurtre. En effet, grâce à un informateur du FBI, il a été découvert que le propriétaire du site clandestin avait donné l’ordre en 2012 d’assassiner un utilisateur de Silk Road qui avait menacé de dévoiler les identités d’Ulricht lui-même et d’autres utilisateurs. Un an plus tard, en mars 2013, Ulricht aurait commandité un autre meurtre, s’agissant cette fois-ci d’un utilisateur qui avait menacé de divulguer l’identité d’un internaute et le chemin d’accès au site par le réseau TOR au grand public. Selon Ulricht, « des besoins comme ça, ça arrive de temps en temps pour une personne avec des responsabilités comme moi ». Ici encore, on peut se demander si le site est toujours aussi innocent que ses conditions générales d’utilisation veulent bien nous le faire croire…

La rapide remise en ligne du site internet litigieux montre la difficulté de l’application du droit sur les nouveaux supports. En effet, face à une technologie de plus en plus performante et à des personnes qui savent développer des systèmes de protection de plus en plus inviolables, les autorités se voient dans l’impossibilité d’opérer leur rôle de contrôle sur ce domaine et se retrouvent impuissantes face à ces trafics. Ainsi, le Comité sénatorial permanent pour la sécurité nationale a annoncé lui-même que « la nature en perpétuelle évolution de la technologie [rend] inutile un jeu de chat et de la souris dans lequel les autorités [risquent] d’avoir toujours un train de retard ».

Une sécurité finalement relative pour les internautes

Cependant, un espoir est donné aux autorités quant à la sécurité elle-même de ce genre de site, qui n’est finalement pas si inviolable qu’elle n’y paraît.

Si le passage par le réseau TOR et l’utilisation du Bitcoin rassurent les utilisateurs de ces sites illégaux, l’anonymat n’y est pourtant pas infaillible selon les experts. En effet, selon Jon Matonis, chercheur sur la monnaie électronique, le Bitcoin n’est pas totalement anonyme et il faut un certain paramétrage de la part de l’utilisateur pour réussir à protéger son identité.

De plus, le réseau TOR serait lui aussi peu protecteur car relativement facile à cracker par des professionnels selon Richard Stiennon, auteur du livre « Survivre à la cyberguerre ». C’est d’ailleurs pour cela que les services de police voient se multiplier parmi leurs membres des informaticiens professionnels capables de plus en plus aisément d’infiltrer ce genre de réseau, ce qui permet un nombre croissant d’arrestations dans le monde de la cybercriminalité. Notamment, ces agents sont capables d’intégrer la communauté même des utilisateurs des sites illégaux, et ce fut le cas pour Silk Road qui a vu près de cent agents sous couverture infiltrer sa communauté et effectuer des transactions afin d’arrêter les vendeurs de produits illicites.

Ces infiltrations par des agents ont également eu pour but de tester dans des laboratoires la qualité de la marchandise échangée sur le site, qui s’est révélée par ailleurs plutôt bonne.

La remise en question de la monnaie Bitcoin

D’après les rapports du FBI et suite aux enquêtes menées depuis l’ouverture initiale du site, et donc en seulement deux ans de temps, près de 1,2 milliard de dollars aurait été généré pour plus de 1,2 million de transactions sur le site. Cela représente environ 9,5 millions de Bitcoins, dont le cours s’élève à peu près à 300 dollars. Sur chacune de ces transactions, le site Silk Road ponctionnait une commission d’environ 8 à 15% qui lui a permis sur la même période de récupérer pas moins de 80 millions de dollars (soit 600 000 Bitcoins).

Le Bitcoin, utilisé également par des entreprises légales, et notamment des start-up, voit sa réputation ternie par son utilisation massive sur ce site internet, et sur d’autres sites illicites du même acabit. En effet, Silk Road représente près de la moitié de l’activité de cette monnaie virtuelle, et la fermeture du site avait provoqué une forte chute du cours (près de 20% de baisse) du Bitcoin suite à la saisie par le FBI de 26 000 Bitcoins stockés sur le site. Le site bitcoin.fr se réjouissait donc le 2 octobre de la fermeture par le FBI de Silk Road, considérant cela comme une «excellente nouvelle pour tous ceux qui militent en faveur d’un usage responsable de Bitcoin ».

Par ailleurs, même les utilisateurs du site clandestin ont moins confiance à ce jour dans le Bitcoin et dans la nouvelle version de Silk Road. En effet, d’après le site américain All Things Vice, les consommateurs craignent que cette réouverture ne soit un piège de la part du FBI pour arrêter de nouvelles personnes en flagrant délit de trafic de drogue, de contrefaçon ou autres activités illicites. De plus, d’autres sites internet illégaux ont profité de l’absence de Silk Road pour proposer les mêmes services, or ils ont rapidement fermé, emportant avec eux des Bitcoins stockés dans leurs portefeuilles numériques par des utilisateurs imprudents. Ainsi, les internautes ont une perte de confiance à la fois dans le site et dans ce système de paiement virtuel qui n’a pas de statut juridique et sur lequel ils n’ont finalement pas le contrôle du stockage.

Vers une légalisation des drogues?

Ainsi, deux courants se dégagent de cette affaire. Certains pensent que ce genre de site clandestin va se multiplier de plus en plus et être de plus en plus performant au niveau de la sécurité qu’ils proposeront aux internautes. De l’autre côté, certains pensent que les autorités, bien qu’elles soient pour le moment prises de court, vont réussir à rattraper au niveau technologique les informaticiens au service de ces sites. Les autorités vont effectivement développer des techniques informatiques pour lutter contre ce marché noir en ligne. Le cas de Silk Road fait en tout cas parler de lui car révèle au grand public l’existence de tels sites et pose la question de la légalisation de ces produits.

En effet, aux États-Unis, on constate que la DEA (Drug Enforcement Administration), organisation de lutte contre la consommation et le trafic de drogues aux États-Unis depuis quarante ans, ne réussit aujourd’hui qu’à saisir 1% de la drogue qui est échangée sur le territoire américain. De plus, le fait même de prohiber les drogues semble avoir des effets pervers, à savoir la création d’un marché noir et une gestion de la qualité des stupéfiants remise aux mains des trafiquants. On constate également que le prix des drogues chute vertigineusement depuis quelques années (les prix de l’héroïne, de la cocaïne et du cannabis ont chuté de près de 80% entre 1990 et 2007), preuve qu’il y en a de plus en plus sur le marché (ces produits répondent comme toutes les marchandises à la loi de l’offre et de la demande, donc plus il est facile d’en trouver, et plus le prix est faible). Enfin, les épidémiologistes déclarent que le lien entre la répression et la consommation est malheureusement inverse: les pays qui ont les politiques les plus sévères face aux drogues sont en réalité ceux où la consommation est la plus élevée.

C’est pourquoi de plus en plus de personnes, constatant que la guerre contre les drogues ne fonctionne pas, souhaiteraient qu’elles soient légalisées afin d’être mieux contrôlées. Aux États-Unis par exemple, le juge Gray, qui fait partie d’un groupe international rassemblant les membres de la police et de la justice qui souhaiteraient une « refonte des lois contre la drogue », pense que « la marijuana devrait être taxée et vendue aux adultes par des marchands autorisés, comme les cigarettes et l’alcool ». Certains États des États-Unis ont d’ailleurs déjà passé le cap en légalisant la marijuana pour une consommation « thérapeutique ou récréative ». Les partisans de la légalisation des drogues pensent en effet que cela éviterait l’existence de ce marché noir, très lucratif, qui attire les criminels. Enfin, légaliser les drogues permettrait à l’État américain d’économiser les 51 milliards annuels dépensés uniquement dans la guerre contre la drogue.

Ce courant de pensée est international, d’autant que les sites internet qui proposent ces produits illicites, et notamment Silk Road, mettent en relation des acheteurs et vendeurs de toutes nationalités, même si la majorité d’entre eux sont américains. Ainsi, les analyses des drogues échangées sur le site ont prouvé qu’étaient en jeu au moins une dizaine de pays européens dont les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la France et l’Espagne. La question de la légalisation des drogues est donc également posée à ces pays là, dont la plupart sont encore réticents.

Bibliographie

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L’AMENDEMENT LCI : UN NOUVEAU POUVOIR DU CSA QUI FAIT DÉBAT

Ce 1er octobre 2013, l’amendement dit «amendement LCI» permettant au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) d’autoriser une chaîne payante à devenir gratuite a été adopté par le Sénat, malgré les insistantes tentatives de dissuasion de la part des deux chaînes d’information rivales à LCI, à savoir BFMTV (du groupe NextRadioTV) et iTélé (du groupe Canal +).

Dans le cadre de la loi sur l’indépendance de l’audiovisuel public d’Aurélie Filippetti, Ministre chargée de la Culture et de la Communication, l’amendement en question avait été adopté à l’Assemblée Nationale le 20 juillet 2013, puis débattu au Sénat le 1er octobre 2013. Cet amendement visant à permettre au CSA d’autoriser une chaîne payante à passer au gratuit, et inversement, avait beaucoup fait parler de lui pendant les deux mois ayant séparé les deux votes, mais dans le cadre de la procédure accélérée enclenchée pour cette loi, la Commission mixte paritaire mise en place a finalement tranché et l’amendement a été adopté ce 17 octobre 2013.

L’amendement LCI vient donc modifier l’article 42-3 de la loi du 30 septembre 1986, qui dispose désormais que «le Conseil supérieur de l’audiovisuel peut, par décision motivée, donner son agrément à une modification concernant le recours ou non à une rémunération de la part des usagers permettant à un service de télévision par voie hertzienne terrestre numérique diffusé en crypté d’être diffusé en clair et inversement».

Un amendement justifié par un renforcement des pouvoirs du CSA et par l’objectif de pluralisme

M. Patrick Bloche, président de la Commission des Affaires Culturelles et de l’Éducation, a proposé cet amendement le 16 juillet 2013 dans le but premier de renforcer «les pouvoirs et l’indépendance du CSA, et donc ses moyens de régulation» après une proposition du Conseil lui-même dans son rapport annuel de 2012. En effet, jusqu’à maintenant, le CSA ne pouvait que refuser les demandes des chaînes qui souhaitaient passer du payant au gratuit, au vu de l’article 42-3 de la loi du 30 septembre 1986, car cela était considéré comme «une modification substantielle de l’autorisation accordée [initialement] par le CSA». Pour pouvoir accéder à la gratuité, une chaîne payante devait donc jusqu’à présent remettre sa fréquence sur le marché des fréquences, puis déposer une candidature en proposant un projet de diffusion.

Or Olivier Schrameck, président actuel du CSA, avait déclaré récemment vouloir, dans le cadre du pouvoir de régulation qui lui est donné, «avoir la possibilité de modifier les équilibres lorsque cela paraît favorable culturellement, industriellement, financièrement» sans avoir cette contrainte juridique.

Ici, la présence de seulement deux chaînes d’information sur la Télévision Numérique Terrestre (TNT) gratuite semblait aller contre le principe de pluralisme des médias, créant, selon les mots de Nonce Paolini, PDG de TF1, un «duopole» qui n’était pas justifié. Pour lui, il y a de la place pour une troisième chaîne d’information sur la TNT gratuite sans que cela porte préjudice aux deux autres, et cela sauverait LCI qui est entrain de dépérir financièrement.

Ce n’est pourtant pas l’avis du PDG de Canal +, Bertrand Meheut, pour qui le passage au gratuit de LCI ne permettra pas à la chaîne de sortir la tête de l’eau, alors que cela sera très contraignant pour les deux autres chaînes d’information déjà installées sur la TNT gratuite. Ainsi, selon lui, «son arrivée mettra en péril les deux autres chaînes d’info tout juste à l’équilibre, sans sauver LCI. D’un malade, on aurait ainsi trois mourants».

La chaîne LCI ne fait en effet que 0,2% d’audience selon Le Figaro, contre 0,7% pour iTélé et 2% pour BFM TV. Selon une étude menée par l’entreprise BearingPoint, demandée par les groupes Canal + et NextRadioTV, le passage en gratuit de LCI lui coûterait environ 23 millions d’euros par an en «coûts additionnels diffusion» et en «surcoûts exigés par l’institut de mesure d’audience Médiamétrie». Pour compenser cette perte, les revenus publicitaires dont bénéficierait LCI ne suffiraient pas, à moins que l’audience de la chaîne ne soit multipliée par cinq, ce qui semble peu probable.

La Ministre de la Culture Aurélie Filippetti met surtout en avant le fait que cet amendement, en plus d’être une «mesure […] bonne pour le pluralisme de l’information», permettrait de sauver des chaînes qui auraient fait de mauvais choix, ou du moins des choix qui pouvaient être justifiés à un moment mais qui se sont finalement révélés peu stratégiques au vu de certains changements économiques par exemple.

En l’occurrence , on peut se demander pourquoi les deux groupes en question (TF1 et M6) n’ont pas profité du passage à la TNT sur le territoire français pour proposer LCI et Paris Première en gratuit. L’opportunité avait en effet été donnée à ce moment là par le CSA aux groupes possédant des chaînes déjà gratuites d’ajouter une chaîne du groupe à la TNT gratuite, en passant néanmoins bien sûr par un appel à candidatures. Le groupe TF1 avait alors choisi de mettre en avant NT1 plutôt que LCI, quant au groupe M6, il a créé la chaîne 6ter plutôt que de sélectionner Paris Première.

Selon Alain Weill, PDG de BFM TV, cet amendement serait pourtant inconstitutionnel en raison de «la rupture d’égalité manifeste» que cela créera entre les chaînes. En effet, il lui semble injuste que des chaînes puissent passer en gratuit sans avoir fait l’objet d’un appel à candidatures de la part du CSA.

Selon le PDG de BFM TV, cet amendement enfreindrait également le droit communautaire car l’article 5-2 de la directive européenne relative à l’autorisation des réseaux et de communications électroniques dispose que les droits d’utilisation des radiofréquences accordées à des fournisseurs de contenu de télévision doivent être « octroyés par le biais de procédures ouvertes, transparentes et non discriminatoires».

Le chantage sous-jacent de TF1

Ce qui fait vraiment grincer des dents les deux PDG des chaînes d’information gratuite, c’est le possible montage politique qui semble se dissimuler derrière cet amendement LCI. En effet, plusieurs points sont soulevés par les détracteurs de l’amendement, à commencer par le fait qu’il ait été rajouté au dernier moment par Patrick Bloche lors de la première lecture à l’Assemblée Nationale le 17 juillet. Ainsi, il est reproché à cette proposition de ne pas avoir été étudiée avec suffisamment de temps par les deux assemblées.

De plus, le curieux renversement de position d’Aurélie Filippetti a mis en doute la neutralité de cet amendement. En effet, le 16 juillet, lors de la Commission des Affaires Culturelles et de l’Éducation, la Ministre semblait contre l’amendement LCI, estimant que TF1 et M6 auraient effectivement dû profiter du passage à la TNT pour proposer leurs deux chaînes payantes en gratuit, et que ce nouveau pouvoir proposé au CSA allait au-delà d’une simple modification substantielle. Pourtant, lors de la seconde lecture à l’Assemblée Nationale, elle ne s’opposait plus à l’amendement en annonçant simplement compter sur «la sagesse de l’Assemblée». Le 1er octobre enfin, elle semblait satisfaite sur la radio Europe 1 de ce nouveau pouvoir proposé au CSA.

En réalité, l’hypothèse que LCI passe en gratuit ne va pas forcément se vérifier car il serait très compliqué pour la chaîne de réussir à remplacer ses ressources financières apportées par les abonnements actuels des téléspectateurs par des ressources publicitaires, au vu de la saturation actuelle du marché de la publicité. Le plus plausible serait donc que LCI ne fasse que «menacer» le groupe Canal + de passer en gratuit (et donc d’affaiblir la chaîne d’information gratuite iTélé) dans le seul but de lui soutirer des rémunérations plus importantes. Le patron de TF1 a en effet déjà annoncé qu’il fermerait la chaîne s’il n’avait pas la possibilité de la faire passer en gratuit.

En effet, la situation économique de LCI est au plus mal car cette dernière vient de se voir retirer par CanalSatellite, appartenant au groupe Canal +, près de quinze millions d’euros de participation financière. L’explication de ce financement remonte à deux ans, lorsque Canal + avait fait l’objet d’une amende très élevée (30 millions d’euros) de la part de l’Autorité de la Concurrence car sa fusion avec TPS et le rachat des chaînes Direct 8 et Direct Star étaient des risques d’atteinte à la concurrence et plaçaient le groupe dans une situation de «monopole sur l’édition et la commercialisation des chaînes Premium», tout en renforçant sa position dominante. Il n’était donc pas opportun pour le groupe Canal + de fragiliser de surcroît la chaîne d’information LCI en lui opposant sa propre chaîne d’information iTélé. Canal + a donc décidé de financer LCI par une négociation prenant fin en 2014, en lui octroyant ces quinze millions d’euros par an. Mais la négociation en question est en passe de prendre fin, et TF1 risque donc d’opérer une sorte de chantage au groupe Canal + pour que ce dernier continue de payer.

Il en est d’ailleurs de même pour Paris Première qui, selon Le Figaro, aurait pour but «d’obtenir de ses distributeurs [dont Canal +] que leurs redevances compensent [un] manque à gagner publicitaire».

Un passage à la TNT gratuite pas encore acquis pour LCI

La chaîne LCI n’est pas encore certaine de se voir accorder le passage en gratuit par le CSA car celui-ci doit au préalable effectuer une étude d’impact d’un tel changement de statut sur le marché. En effet, un autre amendement de la loi sur l’indépendance de l’audiovisuel public oblige désormais le CSA à faire ce travail avant chacune de ses décisions. Ainsi, s’il se révèle qu’effectivement le passage de LCI en gratuit mettra à mal les trois chaînes d’information, il est probable que le CSA n’autorisera pas cette mutation.

En tout état de cause, Alain Weill compte bien faire un recours auprès du Conseil Constitutionnel et du Conseil d’Etat pour faire retirer cet amendement, ou du moins le reporter à la grande loi sur l’audiovisuel prévue pour 2014. Pour lui, il n’y a en effet aucune raison économique à cet amendement et le montage politique en faveur du groupe historique TF1 ne fait aucun doute, bien qu’il reste sceptique quant à l’issue de cette loi.

Sources: